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Reines Africaines (2/3) - Yaa Asantewaa : La reine Ashanti qui défia les britanniques

Photo du rédacteur: Aissata SyllaAissata Sylla

Lorsque l'on pense à l'histoire de l'Afrique, nombreux d'entre nous sont capables de citer au moins le nom d'un grand homme du peuple qui a marqué l'histoire de sa communauté. Mais qu'en est-il des grandes femmes de l'histoire africaine ? Bien que vivant à une époque où la majorité des sociétés africaines ont l'air fondamentalement paternalistes et dirigées par des hommes, plusieurs femmes africaines ont su se démarquer au cours de l'histoire.

Dans un effort de recollection historique et de célébration de ces grandes figures historiques, cette série d'articles mettra en avant 3 reines africaines. Tout en étant fondamentalement différentes de par leurs personnalités, leur contexte historique et géographique et leur impact, elles ont toutes un point commun : leur capacité incroyable de faire face à l'adversité et de se battre pour leurs valeurs fondamentales.

Les femmes présentées dans cette série d'articles sont loin de représenter la diversité féminine du continent africain, et même du monde, mais exemplifient parfaitement la force multidimensionnelle quelques fois minimisée de la Femme.

Yaa Asantewaa

Yaa Asantewaa, figure emblématique de l'histoire ouest-africaine, est connue pour avoir été la seule femme à guider l'armée Ashanti contre les britanniques.

À l'époque, le royaume Ashanti (actuel Ghana) était organisé en plusieurs états, qui avaient chacun leurs rois et reines. Yaa Asantewaa était la reine mère de l'état d'Éjisu mais aussi la gardienne du Sika’dwa, le Trône d'Or. Le Trône d'Or était un symbole de pouvoir et d'autorité chez les Ashanti. Selon la légende, ce Trône serait descendu des cieux en guise de don au premier roi Ashanti, Osei Tutu. Il est aussi dit que ce Trône contient l'esprit des morts, des vivants et des descendants du peuple Ashanti. Il serait tellement précieux qu'il ne devrait jamais toucher le sol, et serais remis aux nouveaux rois sur un oreiller.

À cette même époque, les britanniques étaient à la conquête de nouveaux territoires africains et faisaient face à un royaume Ashanti résistant. En janvier 1896, ils prirent la ville de Kumasi, capitale du royaume, et capturèrent des membres importants de la famille royale, incluant Prempeh 1er, roi du royaume.

Dirigés par Frederick Hodgson, les britanniques s'accaparèrent des mines d'or du pays et demandèrent aux Ashanti de leurs payer des taxes. De plus, Hodgson commit l'irréparable et exigea que le Trône d'Or lui soit remis, pour libérer le roi Ashanti et les autres captifs, ayant été exilés dans les Seychelles. Ceci aurait été le moyen d'affirmer et d'officialiser leur autorité sur le peuple Ashanti.

Suite à cet ultimatum, les rois et reines des différents états du royaume se réunirent pour évaluer leurs options. Pris de peur et de panique, plusieurs dirigeants étaient prêts à céder aux menaces et remettre le Sika'dwa aux Britanniques.

Yaa Asantewaa, présente lors de cette discussion s'indigna face à la lâcheté de ses concitoyens et prononça un discours qui changera sa vie ainsi que celle du royaume :

« Comment un peuple fier comme les Ashantis peut regarder sans rien faire alors que les Blancs enlèvent leur chef et les humilient ensuite par des demandes relatives au Trône d’Or ? Les Blancs ne voient que de l’argent dans le Trône d’Or. Ils ont creusé et cherché partout pour le trouver. Je ne paierai pas une pièce à ce gouverneur. Si vous, les chefs de l’Ashanti allez vous comporter comme des peureux et ne pas vous battre, vous devriez échanger vos pagnes contre mes sous-vêtements. Je vois que certains d’entre vous ont peur de se battre pour notre roi. Aux temps d’Osei Tutu, d’Okomfo Anokye et d’Opoku Ware I, les chefs ne seraient pas restés assis à regarder leur roi être exilé sans tirer un seul coup de feu. Aucun Européen n’aurait osé parler aux chefs d’Ashanti comme le gouverneur vous a parlé ce matin. C’est donc vrai que le courage d’Ashanti n’est plus ? Je ne peux pas le croire. Ça ne peut être vrai ! Je dois vous dire ceci : si les hommes d’Ashanti ne vont pas au front, nous le ferons. Nous, les femmes, nous le ferons. Nous nous battrons ! Nous nous battrons jusqu’à ce que la dernière d’entre nous tombe sur le champ de bataille… »


Après ce discours légendaire, les dirigeants Ashanti étaient tous d'accords, ils ne laisseraient pas vaincre aussi facilement. C'est ainsi que débuta la guerre du Trône d'Or, avec une armée Ashanti de 5000 membres, guidés par la brave Yaa Asantewaa qui avait 60 ans à l'époque.

Ingénieuse, elle était créative et efficace dans sa manière de recruter les membres de son armée : elle encouragea les femmes Ashanti à refuser tout rapport sexuel à leur maris, jusqu'à ce qu'ils rejoignent les troupes.

Elle s'assura aussi de bloquer tous les chemins et moyens de communication vers Kumasi, de sorte à empêcher aux britanniques de recevoir des renforts. Le gouverneur Frederick Hodgson et ses troupes, se trouvant dans le fort de Kumasi étaient ainsi captifs et privés de nourriture. Hodgson tenta plusieurs fois de négocier une entente avec la reine, mais n'était jamais prêt à accepter ses conditions. Cependant, le gouverneur réussit éventuellement à s'échapper et à faire venir des renforts. Suite à cet incident, des centaines de soldats britanniques débarquèrent à Kumasi, et après 11 mois de bataille, les britanniques remportèrent la guerre. Yaa Asantewaa fut ensuite capturée et exilée aux Seychelles, où elle perdit la vie 20 ans plus tard.

Sa mort aura néanmoins permis le retour du roi Prempeh et de ses acolytes. Ceux-ci firent venir sa dépouille en terre natale, afin d'honorer sa bravoure. De plus, le Trône d'Or n'avait jamais été remis aux britanniques. Il avait été caché dans la forêt lors de la guerre et ressorti quelques années plus tard.

Malgré la colonisation, la tradition Ashanti a donc été conservée jusqu'à aujourd'hui et Yaa Ansantewaa est restée un symbole de résistance et de bravoure pour son peuple.


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