top of page
  • Photo du rédacteurAissata Sylla

Chroniques d'une (presque) repat - Partie 3- Vivre à Abidjan

Dernière mise à jour : 10 mars 2020



Comme toute ville, Abidjan a un environnement qui lui est propre, avec sa culture, ses codes, ses mœurs et ses particularités.


Je pense que j’ai surement une opinion très romancée de ma ville, parce que j’écris ce texte depuis Montréal, où il fait en ce moment un gentil -10 degrés. Et en plus de cela, Abidjan, c’est chez moi, donc comme on dit chez nous, ce n’est pas dans ma bouche que vous allez manger votre piment ! Sur ce, je vous prie de prendre la suite de mes écrits avec de légères pincettes.


Ce que j’ai le plus aimé de ma vie là-bas, était la proximité de ma famille. J’habite à des milliers de kilomètres de ma famille depuis 7 ans maintenant et je dois avouer que la solitude de la vie seule à l’étranger peut être pesante quelquefois. Avec le temps, j’ai appris à être indépendante et à ne rien attendre de personne. De ce fait, revenir à Abidjan, et recevoir au quotidien l’amour inconditionnel de certains membres de ma famille était magique. Le simple fait de pouvoir prendre ma pause-déjeuner avec mon papa, dîner avec ma tante et passer le week-end chez ma grand-mère était un luxe. Des petites attentions aux grands gestes, j’étais comblée. Bien que j’habitais seule, j’allais récupérer mes repas de la semaine chez ma tante. Dès que j’avais besoin d’un contact, d’une info, d’un conseil, ou juste de parler, la famille était là. La belle vie quoi !


En plus de cela, il ne me manquait (presque) rien. Que ce soit en termes d’accès à certains produits ou à certaines activités, j’étais servie. Restos, bars à concept, conférences, cinémas, défilés de mode, plages, brunch, etc… Il y a de quoi être occupé et diversifier ses activités, ainsi que ses fréquentations. En effet, étant un centre d’affaire crucial de la région, Abidjan attire des gens de partout dans le monde. Par contre, je ne vais pas vous mentir, l’éternelle insatisfaite que je suis se plaignait quelquefois de toujours aller dans les mêmes endroits et de revoir les mêmes têtes.


Mais ce que j’aime le plus à Abidjan, ce sont les gens. Pour commencer, le simple fait de toujours dire bonjour (partout ! Dans les salles d’attentes, les lieux publics, etc…!, chose rare en occident), donne un aspect humain au quotidien. Et pour couronner le tout, l’humour facile des abidjanais est exceptionnel. Du chauffeur de taxi, au gardien, à la vendeuse dans la rue, il y a toujours quelqu’un qui me faisait esquisser un petit sourire, quelque soit mon humeur.


Mais ne nous méprenons pas, il y a quand même des aspects moins plaisants à ma ville, qui peuvent même être des « deal breaker » pour certains. Ces aspects sont plus souvent liés à certaines mentalités.

Le plus flagrant est le manque de logique et de bon sens, qui crée un niveau de désordre et d’indiscipline; qui peuvent être facilement observés au vu des raisons des embouteillages et des accidents de la route.

De plus, de par mon âge et mon genre, je dû régulièrement faire face à des situations assez déplaisantes: des avances mal placées, des partenaires d’affaires me prenant pour l’assistante de mes collègues hommes, d’autres exigeant de parler à ma hiérarchie pour confirmer mes dires, et la meilleure, venait de ceux qui estimait qu’étant une femme, j’avais absolument besoin de leurs conseils pour améliorer mon travail.


Le plus dur cependant lorsqu’on a longtemps vécu en occident, est le déni que l’on a par rapport aux réalités de nos pays. Certains d’entre nous arrivent avec une mentalité de sauveurs. Ils comptent s’indigner face à chaque situation anormale (selon leur standards) et seront acteurs de changement. Après tout, l'évolution de l'Afrique dépend de sa diaspora qui doit rentrer et la sauver de sa misère n'est ce pas? Rires... Les mentalités ne changent pas du jour au lendemain, et ne changent surtout pas parce qu’un benguiste* a décidé d’exprimer son mécontentement. Ce sont des changements qui prennent du temps et qui demande des approches beaucoup plus stratégiques. Pour éviter de vivre constamment frustré, il faut donc trouver un équilibre entre l’acceptation et la dénonciation des dysfonctionnements. Je ne vous mentirai pas, en quittant Abidjan, j’étais devenue la plaintive par excellence ! J’exprimais mon mécontentement aux personnes responsables avec beaucoup plus d’aise qu’avant. Mais j’ai aussi appris à rire de certaines situations. Sans être défaitiste, pour mon bien être mental, je choisissais mes batailles. N’oublions pas toutefois que je n’étais là que pour quelques mois, donc l’aspect temporaire de mon séjour a surement allégé certaines de mes frustrations.



Alors verdict ?


C'est une expérience que je ne regrette en rien ! Malgré mes galères, frustrations et stress, j'ai passé des moments inoubliables ! Ayant uniquement passé 4 mois, ma perception des choses est sûrement incomplète, mais l'aperçu que j'ai eu me motive à revenir plus tard. Ce ne sera pas une pure partie de plaisir, mais la vie est dure partout ! Donc si elle peut être dure avec un plat d'alloco et un bon gnamakoudji (jus de gingembre) bien glacé, dégusté à la plage, au son des belles vagues, pourquoi pas!


*Benguiste : Le benguiste peut se définir comme un membre de la diaspora africain. Cette diaspora africaine est surtout installée en occident.

bottom of page