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  • Photo du rédacteurAissata Sylla

Reines Africaines (1/3) - Abla Pokou : Fondatrice du peuple Baoulé


Lorsque l'on pense à l'histoire de l'Afrique, nombreux d'entre nous sont capables de citer au moins le nom d'un grand homme du peuple qui a marqué l'histoire de sa communauté. Mais qu'en est-il des grandes femmes de l'histoire africaine ? Bien que vivant à une époque où la majorité des sociétés africaines ont l'air fondamentalement paternalistes et dirigées par des hommes, plusieurs femmes africaines ont su se démarquer au cours de l'histoire.

Dans un effort de recollection historique et de célébration de ces grandes figures historiques, cette série d'articles mettra en avant 3 reines africaines. Tout en étant fondamentalement différentes de par leurs personnalités, leur contexte historique et géographique et leur impact, elles ont toutes un point commun : leur capacité incroyable de faire face à l'adversité et de se battre pour leurs valeurs fondamentales.

Les femmes présentées dans cette série d'articles sont loin de représenter la diversité féminine du continent africain, et même du monde, mais exemplifient parfaitement la force multidimensionnelle quelques fois minimisée de la Femme.

Abla Pokou

Au début du 18ième siècle, Osei Tutu, roi fondateur du royaume Ashanti (actuel Ghana) perd la vie au cours d'une bataille. Ce décès entraîne une guerre de succession à Kumasi, la capitale du royaume, entre 2 neveux du défunt roi : Dakon et Opoku Ware. Dakon meurt lors de ces affronts et laisse sa sœur Abla Pokou, en tant que possible successeur au trône.

Pour sécuriser sa prise de pouvoir, Opoku Ware et son armée se mettent immédiatement aux trousses d'Abla Pokou. Celle-ci comprit rapidement que sans son frère, son unique défenseur, sa vie était en danger. Ainsi, pour garantir sa sécurité et celle de son fils, elle décida de s'enfuir du royaume, et fut suivie par tous ses partisans qui la considéraient comme la reine légitime du royaume Ashanti.

En pleine saison des pluies, ils marchèrent jour et nuit, dans l'espoir de s'éloigner de Kumasi et de trouver refuge dans un endroit sécurisé. Cette marche les emmena jusqu'à la frontière entre les actuels Ghana et Côte d'Ivoire. La particularité de cette frontière était la présence du fleuve Comoé, qui était en ce moment violent et insurmontable, du aux fortes pluies.

Les ennemis se rapprochaient de plus en plus, et il était inconcevable pour Abla Pokou d'avoir parcouru un si long chemin, pour échouer. Elle demanda donc au sage de la communauté de consulter les génies du fleuve, afin de savoir comment le traverser. Ceux-ci demandèrent aux fugitifs d'offrir au fleuve ce qu'ils avaient de plus précieux. Ils rassemblèrent donc tous leurs bijoux et objets de valeurs. Cette offrande ne fut cependant pas acceptée. Après une autre consultation des génies, le vieux sage expliqua que ces bijoux n'étaient pas assez précieux : les génies voulaient qu'un des fils de la communauté leur soit offert en sacrifice.

Se sentant responsable de la situation, Abla Pokou entreprit de sacrifier son propre fils, qu'elle portait jusque-là sur son dos. Elle le couvrit de dernières paroles affectueuses, et avec sérénité, sans verser une seule larme, elle offrit son fils au cours d'eau, qui l'engloutit immédiatement. À l'instant même, certaines versions de l'histoire racontent qu'un groupe d'hippopotames offrirent leurs dos aux fugitifs, leur permettant de traverser le fleuve.

Après la traversée du Comoé, dans un sanglot refoulé, Abla Pokou s'écrira "Ba ouli!", signifiant "l'enfant est mort". Cette expression fut ensuite utilisée pour nommer les Baoulés, ce peuple, qui avait fui Kumasi, pour suivre leur reine, Abla Pokou.

Les Baoulés décidèrent ensuite de s'installer, de sorte à effectuer les funérailles de l'enfant dans une ville nommée Sakassou, située au centre de la Côte d'Ivoire, dont le nom signifie lieu de funérailles.

Abla Pokou régna ensuite sur le peuple Baoulé jusqu'à sa mort, aux environs de 1760. Elle était connue pour avoir un grand cœur rempli d'amour.


Histoire réelle ou légende ? Nous n'en serons jamais certains. Le peuple Baoulé existe encore et représente environ 20% de la population ivoirienne et l'histoire de la reine Abla Pokou est transmise de générations en générations.


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